On s’attendrait à ce qu’un classement sur la meilleure cuisine en France mentionne des tables étoilées ou des chefs mondialement connus. Mais cette fois, la surprise est de taille. Un regard venu d’outre-Manche s’est attardé non pas sur les palaces parisiens ni sur les bistrots branchés de Lyon, mais sur une institution bien plus discrète : les relais routiers. Et selon un grand média britannique, ce sont eux qui offrent le meilleur de la gastronomie française. Rien que ça.
Pour ceux qui n’en ont jamais franchi la porte, ces établissements semblent presque figés dans le temps. Installés le long des routes départementales, ils accueillent routiers, voyageurs et travailleurs locaux autour d’un menu simple, généreux, et toujours à prix doux. Le tout dans une ambiance où la convivialité est reine — jusqu’à ce que le patron vous appelle par votre prénom.
Des plats authentiques, un accueil qui fait chaud au cœur
À l’heure du déjeuner, les odeurs de blanquette, de pot-au-feu ou de poulet rôti flottent dans l’air. Ici, pas de cuisine fusion ni de dressage artistique à la pince. Ce sont des recettes traditionnelles, souvent faites maison, servies dans l’assiette comme chez mamie : généreusement. On vous propose une entrée, un plat, du fromage, un dessert, et parfois même le petit verre de rouge qui va avec. Le tout pour un tarif qui ferait rougir bien des food trucks.
Ce qui touche dans ces adresses, c’est l’absence totale de chichis. Vous vous asseyez là où il reste de la place, on vous sert avec le sourire, et les habitués discutent comme si vous faisiez partie de la famille. Une ambiance sans artifices, rare dans un monde où même la cuisine devient parfois un produit marketing.
Un patrimoine gastronomique à préserver
Si ces restaurants respirent l’authenticité, ils ne sont pas pour autant à l’abri. Leur âge d’or remonte aux années 60, lorsque les routes nationales étaient les artères principales du pays. Mais avec l’arrivée des autoroutes, les relais ont peu à peu perdu leur clientèle de passage. Moins de camions, moins d’ouvriers, et une fréquentation qui a fondu comme beurre au soleil.
Et pourtant, ils méritent qu’on s’y arrête, littéralement. Selon Laurent de Saulieu, descendant de la famille qui édite le fameux guide des Routiers, ces lieux attirent désormais de plus en plus de touristes en quête de repas authentiques, loin des pièges à selfies. Un retour aux sources qui séduit ceux qui aiment découvrir la France par ses fourchettes.
L’écrivaine Isabel Lepage, passionnée de cuisine populaire, milite pour qu’on reconnaisse ces établissements comme de véritables trésors du patrimoine culinaire. “Ce sont des monuments vivants”, dit-elle, “et comme les vieilles pierres, ils mériteraient un coup de main pour perdurer.”
Redécouvrir la France autrement, une assiette à la fois
Alors non, ce ne sont peut-être pas les meilleures adresses selon les guides étoilés. Mais si l’on s’en tient au plaisir brut de bien manger, à l’accueil franc du collier et au goût des choses simples, les relais routiers ont tout bon. Et si vous tombez un jour sur l’un de ces restaurants au logo bleu et rouge en forme de camion, arrêtez-vous. Vous y trouverez peut-être l’un des derniers bastions de la vraie cuisine française, celle qui ne se raconte pas, mais se vit autour d’une grande table, avec du pain, du vin, et un peu de sauce à saucer.
