Chaque été, la paisible cité de Clisson se transforme en épicentre de la scène métal. À la place des ruelles calmes, 180 000 festivaliers convergent vers les arènes pour célébrer le Hellfest, offrant à cette ville de 7 500 âmes un élan de vie et de solidarité sans précédent.
L’histoire d’amour
« Quand on me demande d’où je viens, je réponds toujours : la ville du Hellfest, pas seulement Clisson ! » confie Marius, 20 ans, bénévole passionné. Dans les ruelles pavées, impossible de ne pas croiser un habitant arborant fièrement son T-shirt de Slayer.
Le véritable tournant a eu lieu en 2007, lors d’une deuxième édition arrosée par des trombes d’eau : les Clissonnais, armés de bottes en caoutchouc fournies par le patron du supermarché local, ont tendu des tuyaux d’arrosage pour nettoyer les festivaliers boueux. Certains leur ont même proposé un thé chaud ou un coup de lessive pour leurs vêtements trempés. Ce geste spontané a brisé les préjugés : derrière les crêtes colorées et les blousons cloutés, se cachent des passionnés comme les autres.
Au marché, les retraités sirotent leur Muscadet tout en saluant d’un clin d’œil les fans de métal de passage. Jacqueline, 76 ans, ouvre sa maison chaque année pour loger un groupe de festivaliers : « Ils arrivent comme des inconnus, repartent comme des amis », sourit-elle. Cette convivialité a fait naître un attachement profond entre les Clissonnais et les amateurs de riffs endiablés.
Succès, mode d’emploi
Comment un événement aussi extrême a-t-il pu s’épanouir dans un décor médiéval et toscan ? Pour Ben Barbaud, cofondateur du festival, la clef réside dans la confiance locale : maire et commerçants ont soutenu le projet dès ses débuts, misant sur les retombées économiques et touristiques.
Très vite, les vignerons ont rejoint l’aventure, proposant leur Muscadet aux bars du site, tandis que des familles entières devenaient bénévoles pour orienter les foules. Aujourd’hui, le Hellfest est considéré comme un véritable patrimoine culturel, un moteur de croissance pour la région.
Chaque année, la ville ajuste ses services : la police municipale apprend le vocabulaire du headbang, le camping s’agrandit, et même le supermarché organise un festival « off » sur son parking. Résultat : Clisson, jadis petite commune rurale, est désormais un modèle d’intégration d’un festival haut en décibels dans le quotidien de ses habitants.
Au-delà des guitares saturées, c’est une leçon d’altérité et de partage qui fait vibrer cette cité ligérienne, prouvant qu’une passion, même rugueuse, peut se fondre dans le cœur d’une communauté.